Un spectacle de la Compagnie Les Pakerettes

Création inspirée des œuvres et des vies d’Alexandra David Néel, d’Emma Goldman et de Marina Tsvetaieva.

Avec Christine Gabard : mise en scène, Muriel Henry : assistante pour l’écriture, Amadine Theys, Cindy Badaut et Marion Zaboïtzeff : comédiennes, Laure Chailloux: création et interprétation musicale, Manue Piat : création costumes, Marie Annick Boutry : création lumière, Ludovique Tollitte : création affiche et images 

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Un chœur de quatre femmes sauvages incarne la nécessité
de trancher les limites qu’on leur impose pour devenir elles-mêmes.
Leur fil conducteur est le mouvement du corps, de la pensée, du verbe.
Elles disent le souffle vital et furieux qui anime chacun de nous.

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La presse en parle..

les 3 coups

Mercredi 29 janvier 2014

« Mon chant d’extase », par Les Pakerettes (critique), Théâtre Massenet à Lille  Par Sarah Elghazi

Femmes puissance 3

DSC_4907-1   photos Guillaume Theys

La compagnie lilloise Les Pakerettes livre avec « Mon chant d’extase » une ode à la liberté et à l’amour des mots et des corps. À travers les trajectoires littéraires et humaines de trois femmes, figures d’une libération individuelle et collective – Emma Goldman, Marina Tsvetaïeva et Alexandra David-Néel – et une mise en scène sensible et organique, on voyage à travers la vie, l’engagement et l’aventure.

 

La vie fut loin d’être toujours tendre avec elles. Mais la beauté farouche, l’engagement profond qui sourd de Mon chant d’extase est fondamentalement lié au choix des textes de ces auteurs : tous expriment la joie, tous ces moments de joie intense lorsqu’un sentiment de libération, le soulagement de s’être trouvée, la légitimité de leurs rêves, envahit ces femmes des pieds à la tête. Le « chant d’extase », selon la belle parole de Marina Tsvetaïeva, est alors repris par toutes.

 

Ce qui les réunit, c’est une soif commune de trancher les limites qu’on leur impose : rejeter le dogmatisme de la langue maternelle, les frontières du pays connu, la prison de l’État et du capitalisme… et surtout danser, danser, « sinon nous sommes perdus », disait Pina Bausch, « sinon je ne veux pas faire partie de votre révolution », écrivait Emma Goldman. La prise d’élan, le départ et le voyage, l’arrachement à la terre d’origine pour se lancer vers de nouveaux horizons, c’est ce qu’expriment d’une seule voix l’aventurière, la poétesse et la militante. Trois révolutionnaires dans ce mouvement d’oser être soi, en face des autres et surtout de soi-même, à une époque où, passé et présent se mêlant, la voix des femmes a encore bien du mal à se faire entendre…

 

La scénographie, le jeu, l’énergie du spectacle, tout reprend cette idée d’envol. Sur la terre nourricière éparpillée ou rassembleuse – belle idée de mise en scène – qui forme le sol foulé par les comédiennes, se mêlent les idées, les peuples et les époques, pour un espoir commun qui s’incarne dans un chœur de trois femmes. Tout cela, ces efforts et cette nécessité vécue par trois flammes nées d’un seul brasier, s’incarne dans les mouvements tour à tour puissants, subtils ou spontanés, dans les voix et les corps d’un trio de comédiennes qui porte à bout de bras le spectacle, accompagné et porté par la présence bienveillante de l’accordéon de Laure Chailloux.

 

Rares sont ces spectacles où forme et fond se conjuguent. Et même si certains passages sont encore fragiles, Mon chant d’extase porte en germe des réserves de bonheur, de courage, d’exemplarité, d’humour et de créativité, bien loin de l’image figée et dogmatique que l’on donne trop souvent de ces auteurs. Et l’euphorie perdure bien après que les lumières se sont rallumées. 

Sarah Elghazi

 

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